Un foisonnement d’actes de création, au quotidien, permet un renversement de la vie scindée vers une vie plurielle assumée et harmonieuse.
Au cours de l’élaboration de cette série, je me suis affairée humblement à multiplier les petites choses. Ainsi ai-je performé une centaine de micro-actions réalisées au quotidien. 100 manières de dire ce qui ne peut être dit a été réalisé sur plus de deux ans. Tous les soirs, j’ai projeté des mots et des images sur des objets, sur des personnes, dans des lieux variés. J’ai distribué des petits papiers, des phrases, des photographies un peu partout, dans les salles d’attente, en neurologie, en physiothérapie, en ergothérapie, en orthophonie et en audiologie. J’ai dissimulé mes petits papiers entre les pages de magazines et de livres, sous les portes, sur les comptoirs, les bancs, les chaises. J’ai agi dans mon lieu de travail, dans les bureaux du musée et ai profité des pauses déjeuners pour contaminer les écrans de mes collègues avec des mots et des images ou pour écrire des petites phrases dans les cadres de portes, à l’intérieur des armoires. Les bureaux se sont remplis d’objets étranges, de mes souvenirs et de choses dont on ne parle pas au travail. J’ai aussi ramené ma grand-mère à la vie en lui créant un avatar de jeu vidéo en ligne; j’ai imprimé des t-shirts que j’ai arborés au travail et qui exposent des éléments très personnels; j’ai mobilisé des dizaines de femmes, des mères que j’ai rencontrées en ligne sur des groupes d’entraide et leur ai envoyé des images et des phrases pour qu’elles les affichent sur leurs écrans le temps d’une journée. J’ai disséminé, injecté sans protocole.